Un liquidateur judiciaire est nommé, ce dernier aura la lourde tâche de licencier les salariés dans un délai de 15 jours à compter du jugement autorisant l’ouverture de la procédure de LJ, ou suite à l’expiration de l’autorisation de la poursuite de l’activité. Le régime de licenciements dans le cadre d’une LJ peut connaître certaines variantes, notamment en cas de poursuite d’activité, suite à l’arrêté d’un plan de cession, de même si un administrateur est nommé, dans ces-cas-là c’est ce dernier qui administrera la société. Pour plus d’informations sur ce point, nous vous renvoyons à l’article L 641-10 du code de commerce.
Le délai de 15 jours peut être porté à 21 jours, si un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) est mis en place. A noter que l’élaboration de ce PSE est obligatoire pour les entreprises ayant au moins 50 salariés et désirant en licencier au moins 10 sur une période de 30 jours et cela pour un motif d’ordre économique.
L’ouverture d’une procédure de LJ a de nombreuses conséquences puisqu’elle permet l’arrêt des poursuites individuelles (sauf cas exceptionnels), les créanciers du débiteur ne peuvent plus agir contre ce dernier. En revanche le dirigeant de l’entreprise placée en procédure de liquidation judiciaire peut toujours agir en défense contre une action visant à modifier la date de cessation des paiements, c’est ce qu’a récemment affirmé la Cour de Cassation (Ch. Com.) dans une décision n°18-14.395, en date du 12 juin 2019. Si le liquidateur nommé est là pour administrer l’entreprise, son dirigeant ne perd pas pour autant sa qualité de dirigeant du fait de l’ouverture de la LJ, (combinaison des articles L 641-9 du code de commerce et 1844-7 du code civil), il la perdra à la suite du jugement de clôture de la LJ pour insuffisance d’actif.
Comme indiqué précédemment, le liquidateur judiciaire va être amené à gérer/administrer l’entreprise afin de permettre l’exécution des contrats en cours. A noter que l’ouverture d’une LJ pour une entreprise sera sans incidence sur son cocontractant, notamment si l’on est en présence de contrats interdépendants (Décision de la Cour de Cassation, Ch. Com. en date du 25 septembre 2019, n°18 -15.162, « Sté Hôtelière du Baou c/ BNP Paribas Lease Group ».
Le liquidateur judiciaire va donc ensuite vérifier l’état des dettes énumérées par le débiteur. Mais en plus il va intervenir pour le compte des créanciers, puisque les créanciers qui détiennent une créance à l’encontre de l’entreprise, verront ces dernières devenir directement exigibles et cela même si elles ne sont pas encore échues.
Il faut donc que les créanciers de l’entreprise adressent dans un délai de 2 mois à compter de la publication au BODACC de l’ouverture de la procédure de LJ à l’encontre de l’entreprise, une déclaration de créance. Cette déclaration devra être adressée au liquidateur, qui devra vérifier l’état de ces créances, sont-elles liquides ? Certaines ? Ne sont-elles pas contestables ?
Afin de vérifier cela le liquidateur peut demander au débiteur de formuler ses remarques sur ces créances.
Une fois que le liquidateur aura opéré ce contrôle il va établir un ordre des créanciers, afin de savoir qui seront les créanciers privilégiés (exemple : le Trésor Public), les créanciers super privilégiés (les salariés), et qui seront les créanciers chirographaires (donc les créanciers sans aucun privilège). A noter qu’une distinction importante doit être faite au regard de la date à laquelle est née la créance, est-elle née avant la date d’ouverture de la procédure de LJ ou après (dans ces cas-là, il faudra faire la distinction, car il y aura donc les créanciers postérieurs privilégiés, les créanciers postérieurs chirographaires, les créanciers antérieurs privilégiés, les créanciers antérieurs chirographaires. Si vous souhaitez plus d’information sur ce point n’hésitez pas à nous contacter, nous pourrons vous adresser une liste détaillée avec des exemples.
Le liquidateur une fois qu’il aura listé l’ensemble des actifs et l’ensemble du passif de la société, devra en informer le juge commissaire, cet état doit être établi dans les 2 mois de son entrée en fonction de sa qualité de liquidateur.
Le liquidateur va ensuite procéder à la mise en vente des biens du débiteur, soit il procède à des ventes séparées (cad il cède le matériel, les biens immobiliers, les droits au bail) soit il procède directement à la cession totale de l’entreprise (plan de cession).
Si les divers biens sont vendus séparément, chaque catégorie suit un régime spécifique (ex : la cession d’un immeuble sera forcément différente de la cession du matériel informatique). Pour vendre les biens il faut évidemment que le liquidateur obtienne une ordonnance d’habilitation du juge-commissaire. Cette ordonnance donnera les indications nécessaires au liquidateur sur les modalités de vente.
La cession d’un immeuble peut se faire par saisie immobilière, ou lors d’une vente par adjudication amiable (donc vente aux enchères), le juge-commissaire joue un rôle essentiel dans ces cas-là puisqu’il fixe le prix et les conditions de vente, dans certains cas il pourra même autoriser la vente de gré à gré.
A noter que la cession d’immeuble est particulière et peut faire l’objet de complications notamment en présence d’une DNI (Déclaration Notariée d’Insaisissabilité).
En cas de vente de biens meubles, ces derniers sont soit vendus aux enchères, soit vendus lors d’une vente de gré à gré, dans ce second cas le juge-commissaire devra indiquer les conditions et le prix de cession, attention pour les cessions de biens meubles, certains sont porteurs de gages, un régime particulier est applicable, notamment en présence de biens meubles faisant l’objet d’un droit de rétention réel ou fictif.
Dès qu’un bien (meuble ou immeuble) est cédé, la somme d’argent recouvrée par le liquidateur devra être placée auprès de la CDC (Caisse des Dépôts et Consignation).
Dans certains cas le liquidateur décidera de procéder à la cession globale de l’entreprise. Il doit dans ces cas-là élaborer un plan de cession, l’activité de l’entreprise est maintenue.
Il faut savoir qu’à la différence de la vente des actifs de la société, la cession globale de l’entreprise a pour objectif principal de sauver l’entreprise et de maintenir les emplois et accessoirement d’apurer le passif de l’entreprise (article L642-1 du code de commerce), alors que la cession des actifs « isolés » a uniquement pour objectif le remboursement (si les actifs sont suffisants) des créanciers.
Dans le cadre d’une cession globale d’une entreprise (partielle ou totale), un administrateur judiciaire peut-être nommé en lieu et place d’un liquidateur si les seuils suivants sont réunis :
- Nb de salariés = ou > à 20 ;
- 3 millions de CA HT.
Au cours de la poursuite de l’activité, le liquidateur ou l’administrateur va recevoir des offres et cela dans le cadre d’une période déterminée par le juge-commissaire. Ces offres pourront survenir à la suite de la publicité qui devra être faite, publicité qui dépendra de la taille de l’entreprise et de la nature de ses actifs à vendre.
Ce liquidateur ou cet administrateur devra établir un rapport sur ces offres, afin d’aider le Tribunal dans le choix de l’offre qui pourrait convenir le mieux, selon l’objectif poursuivi (apurer le passif, sauver des emplois ou sauver l’entreprise…).